Histoire de Ger
L’histoire de Ger (*)
En 911, à la suite du traité de Saint-Clair-sur-Epte, Rollon, Viking norvégien reçoit les territoires avoisinant la Basse-Seine des mains de Charles le Simple.
En 933, Guillaume Longue Épée, le fils de Rollon lui succède. Il chasse les Bretons du Cotentin et de l’Avranchin. Puis vinrent Richard 1er en 945 dit Richard Sans Peur, beau-frère d’Hugues Capet, Richard II le Bon (996-1026), Richard III (1026-1028), Robert le Magnifique ou le Diable (1028- 1035) et enfin en 1035 Guillaume dit le “bâtard” puis le “Conquérant”.
Sous le règne de Guillaume, les terres de Normandie étaient partagées entre ses fidèles. Le domaine entier de la paroisse de Ger appartient au Comte de Mortain (à l’époque Robert de Mortain frère utérin de Guillaume) sauf les fiefs de La Gasnerie et Viéval qui sont détenus en roture.
En 1066, Guillaume envahissait l’Angleterre et ce n’est que quelques années plus tard (en 1082) que nous trouvons une trace écrite de l’existence de “Gérium” Ger en latin.
C’est donc probablement vers cette époque que furent construits le château de la Motte dominant la rivière l’Égrenne et la première église de Ger à l’emplacement que nous connaissons.
Les seigneurs font déjà des concessions aux paysans qui défrichent la forêt (Essarts, Ventes, Prises, Fieffes…) dont les noms actuels nous rappellent celui de leur premier occupant, telles : La Prise Breillot, la Fieffe Danguy, La Fieffe Bouvy, La Vente Mauger. Le fait de retrouver ces mêmes noms aujourd’hui prouve la stabilité de la population géroise.
Après l’avènement de Charles VII en 1422 grâce à l’intervention de Jeanne d’Arc, celle-ci continue son combat contre les Anglais en compagnie du Comte Dunois né Jean d’Orléans, Comte de Mortain.
Le 12 août 1450 après la prise de Cherbourg, la Normandie redevenait française après une terrible guerre qui laissa de nombreuses traces dans le pays.
Le 7 juin 1465 les habitants de Ger sont confirmés dans leurs franchises vis-à-vis de la forêt.
En 1493 grâce au formidable essor des échanges maritimes l’industrie, l’artisanat et le commerce font un bond en avant, les potiers de Ger en profitent pour conforter leur position sociale en codifiant et réglementant leur profession. Les potiers sont organisés en confrérie, dans laquelle, personne, exceptés leurs enfants, ne peut entrer.
En 1525 François Ier après la défaite de Pavie donna le fief de Mortain à ses cousins de Montpensier pour les dédommager de leurs terres de Leuzé et de Condé qu’ils avaient dû donner à Charles Quint, lors du paiement de sa rançon.
À ce moment Ger semble connaître une période de tranquillité. Malheureusement cette accalmie sera bien passagère puisqu’elle devait s’ouvrir sur la sinistre époque des guerres de religions et voir se rallumer ainsi le flambeau de la guerre civile. La contrée ne fut pas épargnée puisque les Huguenots de Montgomery attaquent Mortain en 1562. La forêt de la Lande-Pourrie fut, dans ces circonstances, pillée par les charbonniers, les taverniers et les boulangers de Mortain, du Rocher (qui était alors une paroisse distincte de celle de Mortain), et du Neufbourg qui n’étaient plus surveillés quant au quota de bois à prendre en forêt.
Les gérois ont payé un lourd tribut lors de la « grande guerre » de 1914-1918
La lecture du monument aux morts de Ger nous indique que 86 gérois ont été tués pendant cette période. La population de Ger était, en 1914, de 1716 habitants. La contribution de Ger fut particulièrement élevée : un mort pour vingt habitants alors qu’elle ne fut que un mort pour vingt-neuf habitants à Mortain et un mort pour vingt-trois à Barenton et Romagny.
L’église Saint-Matthieu
L’ancienne église de Ger, dotée d’un clocher en bâtière, datait de la seconde moitié du 17e siècle. Devenue corps de garde pendant la Révolution, elle fut rendue au culte après 1802 mais devint trop petite. Le curé fit procéder à la construction de deux chapelles (l’une dédiée à la Vierge en 1827, l’autre au Sacré-Cœur en 1828) et d’une sacristie en 1830. Malheureusement, la cloche cassa en 1834 ; en 1836, la foudre provoqua de gros dégâts réparés grâce à des subsides du Conseil Municipal, de l’État ou de particuliers et en 1868 on dut refaire la toiture en ardoise.
En 1876, la construction d’une église neuve est envisagée, mais devant la pauvreté de la paroisse, on dut se contenter d’effectuer les réparations les plus pressantes.
En 1919, Mgr. Joseph Guérard ayant encouragé le curé, M. Hamelin, à construire une nouvelle église, les paroissiens proposent leur aide dans la fourniture de matériaux, mais la préfecture rejette les projets acceptés par le conseil municipal : elle refuse la destruction de l’ancienne église avant la construction de la nouvelle. Finalement la préfecture accepte la construction d’un nouvel édifice sur un terrain communal derrière l’ancienne église, à condition que la commune n’y contribue nullement.
Le projet de construction est confié à M. Vaugeois, architecte né à Ger. En mars 1921, on commence à bâtir le chœur et deux travées de la nef, la charpente est posée avant l’hiver, mais la situation financière est fragile. En 1922, le nouveau curé Léon Quesnel (1876-1942) qui remplace M. Hamelin, maître d’ouvrage mort en août se trouve à la tête de deux églises : l’ancienne qui prend l’eau et la nouvelle en chantier, ni close, ni couverte.
L’achat de vitraux d’occasion et le don de deux autres permettent de clore l’édifice en mars 1923 et, en avril l’église est bénite, ainsi autorisée au culte. La démolition de l’ancienne est réalisée par des corvées de volontaires qui font également les fondations (en ciment armé) du reste de la nouvelle. En septembre 1925, les murs de la nef sont achevés et la fenêtre trilobée de la tribune posée.
En 1926, débute la construction de la flèche pyramidale en ciment armé coulé sur place dans des coffrages en bois préalablement préparés au sol. Le coq en cuivre doré a été installé le 16 août 1926 sur la grande croix de fer de 7 mètres de haut. Puis viennent ensuite les sculptures et les pavages entre 1926 et 1927. L’horloge d’un mètre de diamètre et pesant 75 kg a été posée en janvier 1927. La pose des 18 vitraux fut terminée en 1928 et le maître-autel posé entre 1927-1928.
Après la guerre, en 1944, Monsieur Levasseur réalisa l’électrification des cloches avec Monsieur Masselin. Puis en 1965, pour le confort des paroissiens, deux poêles au fuel ont été installés. En même temps, la sacristie est chauffée aussi et transformée à la saison hivernale en chapelle où la messe est célébrée en semaine.
La flèche pyramidale a été restaurée en 2010.
L’école
Pour la Manche, l’évêque Daniel Huet (1630-1721) favorise de tout son pouvoir la réorganisation des écoles et s’occupe spécialement de l’instruction pendant cette période.
Dans les manuscrits des visites pastorales de Monseigneur Huet dans son diocèse, l’abbé Calando, curé de GER, écrit le 26 juillet 1696 : » L’école se tenait par le vicaire et quelquefois par le curé. Il y avait aussi une femme charitable qui enseignait les filles ».
Monseigneur Jean-baptiste Durand de Missy, lors d’une visite en 1749, constate que Gilles Théot et André Mauger, prêtres, instruisent les garçons et Marie Molien et Marie Lemoing les filles. GER possède probablement deux écoles peut être installées dans les locaux paroissiaux d’autant qu’en 1759 Gabrielle Le Moine est citée comme maîtresse d’école.
En 1764, le diocèse d’Avranches composé de 177 paroisses, compte 201 écoles dont l’existence est parfaitement établie.
En ce qui concerne GER, les archives ne permettent pas d’obtenir des précisions sur les conditions de scolarité (époque, locaux, maître, élèves, …) mais il est vraisemblablement que des écoles (garçons et filles) ont existé.
Enfin, au moment de la révolution, Gilles Théot, Pierre Gilles Grognard et Jean-Baptiste, vicaires, sont cités maîtres d’écoles à GER.
L 29 frimaire an II (19 décembre 1793), adoption de la loi Bouquier qui établit l’obligation scolaire pour les filles et garçons, sa gratuité et sa liberté (c’est à dire la possibilité d’ouvrir des écoles privées) et la rétribution des maîtres par l’Etat.
Le 27 brumaire an III (17 novembre 1794), le décret Lakanal apporte des aménagements en obligeant à séparer les sexes à l’école primaire, mais en fixant le chiffre d’une école pour mille habitants.
A noter que nous passons de l’époque des maîtres d’école à celle des instituteurs.
Le 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) la loi Daunou, revenant sur la loi Bouquier, est adoptée. Cette loi jette les bases d’une organisation de l’école et du statut de l’instituteur. Malheureusement elle va supprimer l’obligation et le principe de la gratuité mis en place après la révolution.
Dorénavant, l’instituteur reçoit une rétribution de la part de chacun de ses élèves. Il lui est fourni par la république, un local tant pour lui, que pour recevoir les élèves pendant la durée des leçons.
Chaque école primaire est divisée en deux sections, une pour les garçons et l’autre pour les filles.
Cette loi régit le système jusqu’au Consulat.
En l’an IX (1800), Le Conseil Général de la Manche souhaite que toutes les communes aient une école et propose que les instituteurs soient aussi secrétaire de Mairie avec un traitement de 300 francs par an et le logement.
Par la loi Fourcroy du 11 floréal an X (1er mai 1802), loi générale sur l’instruction publique, il sera instaurer un enseignement solide avec la création des lycées pour former l’élite de la nation. Cette organisation est complétée par la loi du 10 mai 1806 qui fonde l’Université impériale.
Le 4 germinal an XII (25 mars 1804), nous trouvons trace de l’élection d’une institutrice à GER, soeur Esneu Marguerite, puis le 19 fructidor an XII, celle d’un instituteur Monsieur Christian.
Le 17 mars 1808 est la date de création du baccalauréat. En 1809, 31 diplômés pour toute la France. A cet effet, des classes normales, destinées à former des maîtres pour les écoles primaires sont créées.
La loi Falloux du 15 mars 1850 fixe durablement pour partie jusqu’à nos jours certaines règles du système primaire en y affirmant le primat de l’éducation religieuse sur les autres matières et la prépondérance morale du curé sur l’enseignement dispensé par l’instituteur. L’école publique est dissociée de l’école libre.
La loi Duruy du 10 avril 1867 est une extension de la loi Falloux, organise l’enseignement primaire féminin, encourage la création de cours pour adultes et ouvre la voie à la gratuité de l’enseignement.
Cette loi met un frein au développement de l’enseignement libre et vise à généraliser l’enseignement primaire.
Monsieur Victor Duruy propose également d’accorder, après examen, un certificat d’études qui ne sera créé que par la loi du 19 mars 1874 et encourage par ailleurs la création de bibliothèques.
Le 4 février 1879, Jules Ferry devient ministre de l’Instruction publique. Il est le fondateur de l’école d’aujourd’hui.
La loi du 6 juin 1881 vient généraliser la gratuité et exiger que les instituteurs obtiennent un brevet de capacité, puis vient celle du 28 mars 1882 qui affirme l’obligation, pour les enfants des deux sexes, de fréquenter l’école de six à treize ans.
Tout est en place pour appliquer la devise de Ferry » L’instituteur à l’école, le maire à la mairie et le prêtre à l’église ».
Compte tenu de son étendue, la commune de GER a très tôt des écoles répartis dans ses hameaux vue la dissémination de sa population.
L’école des garçons au bourg est à l’époque tenu par Jean Gosselin qui détient son brevet académique depuis le 1er mai 1817.
Le 8 octobre 1818, un arrêté envisage : une institutrice primaire au bourg et deux institutrices auxiliaires dont une section des Hautes Landes (Placître) et une section des Basses Landes (Breuil).
En 1975, le hameau du Placître est le plus populeux de la commune. Les habitants souhaitent une école, chose faite à partir du 29 septembre 1877. Elle sera destinée à la classe et à l’usage de l’institutrice de la nouvelle école du hameau qui vient d’être créée au village du Placître.
En 1877, l’agrandissement de l’école des garçons est toujours à l’ordre du jour du conseil municipal.
L’école de garçon fonctionne jusqu’en 1957, date de création du groupe scolaire. Le bâtiment continue à servir de mairie jusqu’en 1970, date de construction de la mairie actuelle qui a été modifiée ensuite.
Le projet du transfert de l’école du Placître à l’être au lièvre, refusé en octobre 1925, est accepté le 13 décembre 1925.
L’évolution des effectifs scolaires à GER et le besoin de meilleures conditions pour les élèves entraine le conseil municipal à envisager la construction du groupe scolaire. En 1950 la commune de GER achète une pièce de terre pour la construction du groupe scolaire.
Les travaux de voirie prennent beaucoup de temps et les élèves ne s’y installent qu’au cours de l’année scolaire 1957-1958.
L’école du Breuil construite en 1956 et celle de l’être au Lièvre construite en 1954-1956, ferment toutes les deux en juin 1976, à la suite du ramassage scolaire des enfants dans les hameaux, décidé par la commune et une maternelle est créée.
Les moulins de GER
Le bourg de GER est situé sur la Sonce qui prend naissance dans la commune, traverse la forêt de la Lande-Pourrie et se dirige ensuite vers Saint-Georges-de- Rouelley, traverse la vallée de la Fosse Arthour.
L’ensemble des cours d’eau de GER sont de simples ruisseaux mais au débit rapide facilitant l’aménagement de moulins.
Du côté versant de l’Atlantique, citons le ruisseau du Perroux, le Diguet affluent du ruisseau de Froide Bise, la Sonce (ou Roirie) qui reçoit la Bécurbe. Tous ces ruisseaux vont rejoindre l’Égrenne.
Le Versant Manche comprend le ruisseau des Vieux Gués où la Cance qui prend sa source à l’Être au Lièvre, pénètre en Saint-Clément avant de former les cascades de Mortain, et égal ement la Crôle.
En 1812, à l’apogée de son expansion commerciale et artisanale, GER compte cinq moulins à eau.
➢ Le Moulin Rouge, près de l’Égrenne : moulin à huile
Les moulins à huile se multiplient à partir de 1830 jusqu’à la fin du Second Empire.
L’huile de colza approvisionne les lampes à huile en usage dans tous les foyers avant l’arrivée de l’électricité mais également les phares avant l’utilisation du pétrole. Elle est également utilisée pour préparer les cuirs et pour faire du savon noir. La mape à huile est appelée « grasset » en Basse Normandie : en fer forgé ou en terre cuite, elle est utilisée jusque vers 1900.
André Le Roy, meunier au Fresnes Poret apparaît comme propriétaire du Moulin Rouge dès 1812. Dans la matrice cadastrale des propriétés bâties le moulin y est précisé comme moulin à eau et à huile.
Dans les BMS, avant 1815, il n’a été trouvé aucune mention du Moulin Rouge, ni d’un métier ayant rapport à l’huile.
➢ Le Moulin des Fanières sur la Bécurbe : moulin à grains
Des lettres datées du 2 juillet 1573 portent concession du moulin des Fanières en GER, par Louis de Bourbon, duc de Montpensier, beau-frère des ducs de Guise, au profit de Jacques Thibault, vicomte de Mortain et à Charlotte Ferrant, sa femme et permission de le reconstruire.
La famille Thibault fourni trois vicomtes successifs à Mortain, est probablement aussi à l’origine du Gué Thibault.
Au XVIII siècle, il est signalé la construction d’un moulin à blé au lieu-dit les Fanières en GER, en la forêt de la Lande-Pourrie. Il doit s’agir d’un deuxième moulin, existence que nous a confirmée Monsieur Paul Moulin, dernier meunier connu.
Dans les matrices cadastrales de 1812-1815, il est mentionné que ce moulin a comme propriétaire Guillaume Pallix. Nous retrouvons trace de la Famille Pallix sur GER, jusque vers 1650. Reste à savoir à quelle date elle est devenue propriétaire de ce moulin.
Dans les matrices générales pour la période de 1818 à 1821, est cité Guillaume Le Roy, meunier aux Fanières, puis André Le Roy, Jacques Le Roy, Julien Le Roy, Honoré Le Roy, Victor Le Roy. Constant Le Roy, étameur à Paris semble devenir le propriétaire en 1902.
Dans les rôles de 1906, c’est Léon Moulin qui est désigné comme meunier aux Fanières.
Paul Moulin nous a confirmé la présence de deux moulins aux Fanières :
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- Un moulin à blé avec deux meules actionnées par une roue de six mètres de diamètres. De la farine de blé y est fabriquée jusqu’en 1945 environ, puis de la mouture à façon jusqu’en 1980, date de départ à la retraite de Mr et Mme Moulin.
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- Un moulin à sarrazin jusqu’en 1945 aussi.
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➢ Le Moulin du Gué de la Motte : moulin à grains
En 1608, la décision de la construction d’un moulin à blé et à papier au-dessous du Gué de la Motte est prise ainsi l’achat des meules à Rouen. Puis les bannies du moulin à blé et en 1609, le bail à ferme de la poterie et des deux moulins du dit lieu. Sur le plan du site, deux roues confirment la présence de deux moulins.
En 1784, Les deux moulins à banaux appartiennent toujours au Comte de Mortain.
Il est fait état d’une fieffe par le duc d’Orléans au profit de Gilles Le Mauviel du moulin de Gué de la Motte dans les années 1700. La famille Le Mauviel s’y succède comme meunier. A partir des matrices cadastrales de 1812 à 1815, le propriétaire du Moulin est Jacques Le Mauviel.
Différents propriétaires se sont succédés ensuite. Jean (François) Moulin en est le meunier et ses descendants suivent. Félix Moulin est aussi meunier dans les bases de cotisations de 1862 à 1865.. L’activité du moulin cesse avec ce dernier.
En 1901, le moulin est signalé en ruine.
➢Le Moulin de la Valley Brulay : moulin à couteaux
Dans le voisinage de la forêt de la Lande-pourrie, au XVII siècle, s’établissent certaines fabriques à couteaux, ciseaux et petites scies.
Pour la contribution cadastrale, le moulin à couteaux de GER a pour propriétaire Jacques Pouet. Ces ascendants et descendants ont été les meuniers de la Vallée Brulay.
Le moulin est supprimé du cadastre, justifié en ruine depuis 1838.
Les lavoirs et laveuses
Un examen des BMS fait apparaître la profession de blanchisseuse dès 1789. Plusieurs se retrouvent au cours du XIX ème siècle et rien que pour l’année 1836, l’état nominatif des habitants de GER en recense huit âgées de dix-neuf à quarante-cinq ans.
Le terme de laveuse se substitue à celui de blanchisseuse au XX ème siècle.
Les mentions existantes permettent de localiser certains lavoirs au Bochis, au Rond Pommier, à Viéval, à la Fiefette, à la Basse Louverie, mais aussi à l’ëtre au Lièvre ou au Breuil où ils ont été transformés en réserve d’eau pour le service incendie.
En ce qui concerne le bourg, trois lavoirs semblent avoir existés :
➢ Le lavoir principal à la sortie du bourg à droite sur la route de Mortain. Il a fait l’objet, à une certaine époque, d’un projet de rénovation, malheureusement sans suite.
➢ Un lavoir, sur la même route mais à gauche, aujourd’hui partie intégrante d’une propriété.
➢ Un autre existait, près du dépôt d’ordures actuel, à la sortie de GER, sur la route d’Yvrandes.
Les calvaires ou croix
Hors des villes, qu’il s’agisse de villages isolés ou de chemins vicinaux, le passant rencontre fréquemment des croix dressées aux carrefours des routes, vieilles croix de pierre ou de métal, souvent en mauvaix état, mais innombrables dans nos campagnes.
Les calvaires ou croix ont une caractère de piété ou dévotion, et sont érigés à l’initiative de la paroisse mais aussi bien souvent de celle de simples particuliers. Si nous faisons attention à leur date d’érection, nous constatons qu’ils sont particulièrement nombreux aux époques de grande foi.
La commune de GER est très étendue, elle possède treize croix et nous connaissons l’existence d’une quatorzième, aujourd’hui disparue :
La croix de l’Essard (1638), la croix au curé (1658), la croix de l’Eglise (1698), la croix de la Louverie (1857), la croix du Bouillonnet (1865), la croix de la Vente (1874), la croix Danguy (1875), la croix du cimetière (1886), la croix de la Buissonnière (1897), la croix de la Bouchardière (1911), la croix Robine, la croix Provost et la croix du Placître,
La poterie
Parallèlement à l’agriculture, la poterie est la principale activité, des siècles durant, à l’origine de la renommée de GER au-delà des océans.
La production de grès nécessite la présence d’une argile facile à atteindre et capable de résister à une cuisson à haute température (1150° à 1300°) permettant d’obtenir des poteries dont la pâte est en partie vitrifiée et donc étanche.
La conjonction d’une matière première de bonne qualité et de bois, à proximité et en abondance, détermine l’installation d’une industrie potière à GER. Ces conditions favorables ajoutées au besoin de conservation des aliments conduisent les Gérois à se tourner vers la production de grès attestée par les sources écrites au moins dès le XIV siècle.
La terre est extraite dans deux communes proches de Domfront : Saint-Gilles-des-Marais et de la Haute-Chapelle.
Le bois pour la chauffe des fours est pris dans la forêt de la Lande-Pourrie. Il se consomme environ soixante mètres de bois par cuisson et le privilège accordé aux potiers de GER de prendre du bois dans la forêt de la Lande-Pourrie leur sera contesté fréquemment au cours des XVII et XVIII siècles.
Après la Révolution qui abolit les droits seigneuriaux, les Maîtres potiers doivent acheter leur bois aux nouveaux propriétaires de la forêt, les familles de Pracontal puis de Failly, ce qui augmente le prix et la rareté du bois.
➢ Les fours
Les potiers de Ger ont inventé un four mixte, probablement mis au point au milieu du XVIIIe siècle.
Le four est un tunnel voûté d’une profondeur de 10 à 13 mètres, dont le sol va en pente douce depuis l’entrée jusqu’au fond. Le four se termine par deux chambres qui sont disposées perpendiculairement jusqu’en haut de la cheminée par laquelle la fumée et même la flamme, s’échappera quand le four sera en pleine activité.
Le tunnel à tirage horizontal, destiné à la cuisson des grès qui exige une température de l’ordre de 1 200 à 1 300° C, et le four à deux chambres de cuisson superposées, à tirage vertical (percées de trou dans lesquelles les gaz de combustion sont suffisamment chauds), pour cuire de petites pièces non grésées : tuiles, briques et pavés et dont la température de cuisson ne devait pas dépasser 1 000° à 1 100° C.
Après l’installation des grès dans le tunnel et dans les chambres de la cheminée, la cuisson à flamme directe peut commencer. Elle dure quatre jours et quatre nuits. Le dernier jour, quand le four est bien chaud, l’introduction de sel marin par des trous prévus à cet usage au-dessus du tunnel favorise la vitrification superficielle des grès ce qui les rend imperméables.
Un four de type Gérois et les bâtiments d’une fabrique de grès sont visibles au Musée Régional de la poterie au village du Placître à GER.
➢ Le tour ou roue
Un des deux tours utilisés à GER est constitué d’un axe supportant un plateau appelé girelle sur lequel le potier façonne la poterie. Cet axe est muni dans sa partie basse d’une roue du type des roues de charrettes dont l’inertie est mise à profit pour faire tourner la girelle. Le potier lance son tour à l’aide d’un bâton engagé dans les rayons de la roue. Quand la vitesse devient trop basse pour le travail qu’il a à faire, il relance la roue avec le bâton.
L’autre tour, actionné avec le pied est également utilisé par les potiers de GER. Mais sur ce tour, le fait que le tourneur soit assis au même niveau que la girelle ne lui permet pas de tourner de très grandes pièces.
➢ Les fabricants de poterie ou Maîtres potiers
Au XVIII ème siècle, un regroupement des potiers de Ger profite à quelques familles.
Il a été recensé quarante-huit potiers pour la période s’étendant de 1765 à 1789, pour la période s’écoulant de 1790 à 1825 il a été recensé soixante-quatre potiers puis vingt et une familles de 1830 à 1840 et dix-sept Maîtres potiers de 1840 à 1850.
L’artisanat potier se rapproche alors d’une véritable industrie rurale : le maximum de cette activité sur la commune de Ger se situe dans la première moitié du XIX ème siècle, avec vingt-et-un établissements qui embauchent presque 700 personnes.
Au Placître, hameau qui sert aujourd’hui de cadre au Musée de la Poterie Normande, deux familles se partagent le site aux XVIII ème et début XIX ème siècles : les Véron et les Esneu.
Puis l’activité potière à GER périclite au début du XX ème siècle à cause de l’apparition de nouveaux matériaux pour la conservation, du coût trop élevé du transport et du manque de main d’œuvre.
Elle s’éteint après la fermeture de la poterie Théot en 1927.
(*) Extraits de textes tirés de Monographie « Ger, un village normand à travers les siècles » et de la revue le Cousin GERmain avec l’autorisation de l’association G.E.R. (Généralogie Et histoiRe).
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